Ce billet fait suite à celui-ci. Nous avons en effet demandé aux élèves de réaliser par binôme un pad, document collaboratif, pour le travail de SVT sur le dossier santé et environnement (classes de 3e).
Scooped by Stalder Angèle |
L'intention didactique est double :
- conduire les élèves à sélectionner les éléments pertinents pour leur dossier dans leur document de collecte préalablement constituté,
- les faire passer d'un copier-coller à un copier-créer en leur demandant de reformuler.
En utilisant le conflit socio-cognitif (travail en binôme), l'élève est confronté à l'avis d'un autre et s'engage donc davantage dans ses choix, s'appropriant mieux le contenu puisqu'il doit argumenter de sa pertinence.
Par ailleurs, l'utilisation de ce type d'outil permet d'observer l'espace de négociation du document.
L'année dernière je l'ai utilisé avec des 3e "Professionnel 6h". La messagerie instantannée proposée avec le service Pad fut un lieu d'échanges sur le "document en train de se faire", un véritable espace de négociation.
A mon étonnement, les élèves y ont discuté, non pas du contenu, mais de la forme de leur document. Voir sur écran le document qui se construit, leur a permis de mieux comprendre ce qu'est un document : un discours construit d'informations, mis en forme au service d'une communication pour un public (dimension sociale du document). Pour être reconnu en tant que tel, des repères sont nécessaires. Les informations avaient été validées auparavant, ils n'ont donc pas eu besoin d'en négocier la pertinence. Avec des 3e, et avec du recul, je pense que le travail ainsi séquencé a permis de ne pas ajouter une surcharge cognitive à la tâche demandée. Cependant n'y a-t-il pas un risque de créer une situation artificielle qui empêcherait d'analyser véritablement ce qui se passe au cours de ce processus complexe de lecture/écriture avec le numérique?
Cette année avec des 1ères, je travaille une écriture collaborative, mais cette fois-ci, le travail de collecte et le travail de mise en forme sont simultannés... ce qui place les élèves dans une situation d'écriture numérique complexe, mais qui s'approche davantage de leurs pratiques du numérique.
Utiliser l'écriture collaborative comme le fait Hélène permet d'aborder avec les élèves la définition du document à l'ère du numérique de Pedauque : une forme, un signe, un medium.
Merci pour ce compte rendu analytique de séance!
C’est une interrogation que je porte à ma propre pratique professionnelle. Dissocier lecture numérique (recherche, sélection, collecte d'informations) de l’écriture numérique (participation, reformulation, appropriation des informations) ne permet pas d’aborder la complexité des activités des élèves sur le web. Bien souvent nous inventons des étapes qui ne correspondent pas à la réalité de leurs pratiques avec le numérique. Le contrat didactique implicite fait qu’ils font quand même, mais cela peut nuire parfois à une efficacité pédagogique et empêcher l’acquisition de savoirs scolaires car trop déconnectés de la réalité.
Mais loin d’être un obstacle, cette situation doit nous pousser à trouver des solutions. Travailler par projets est sans doute la meilleure à ce jour. Le dernier dossier en date de l’ifé sur « Des projets pour mieux apprendre » est une ressource à consulter d’ailleurs ! http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=82&lang=fr
Réfléchir à des progressions aussi ! Et aux liaisons collège/lycée assurément ! C’est ce que tu permets en publiant tes séances ! Merci encore pour ces contributions qui permettent de voir ce qui se passe au collège, pour mieux poursuivre en lycée.
A quand un curriculum ??? Cela permettrait enfin d’aborder toutes ces questions dans leur complexité.
En attendant, au plaisir de te lire !
Faut-il séparer la tâche de collecte (copié-collé) et celle de réécriture ? Peut-on imaginer commencer en 6ème avec une séparation des tâches, puis une intégration dans le texte avec un marquage (ex police différente). Cela peut permettre de travailler la notion d'auteur en profondeur (plusieurs auteurs convoqués et plusieurs élèves auteurs sur un même document). Petit à petit insister plus sur la notion de document, et le fait que la multiplicité des auteurs, avec des intentions d'écriture différentes (complément d'information, commentaire, recommendation, curation...) fait évoluer cette notion ?
écriture collaborative